« L’ARRÊT DE BUS »
- Théâtre d’expression corporelle et de mouvement -
- Note de mise en scène -
L’Arrêt de Bus est le fruit d’un travail d’ateliers avec les adultes de la troupe de L’ARRACHE RIRE à PANCÉ (35).
Ces ateliers mettent l’accent sur les langages du corps et les possibilités qu’il offre de s’exprimer sur une scène de théâtre. De nombreux exercices sur l’utilisation de l’espace, la marche humaine, le masque neutre, la relation au partenaire et les rythmes ont été réalisés tout au long de l’année. Ils invitent les comédiens à réfléchir sur la composition du personnage et à trouver son prolongement scénique.
Afin de restituer par le jeu ces notions acquises, il nous fallait un espace.
Un arrêt de bus. Il sera notre point de départ. Que peut-il bien se passer à un arrêt de bus ?
Lieu de passage et de rencontres, le nôtre voit des hommes et des femmes. Ils s’y croisent, s’affrontent, se séparent et se retrouvent parfois, au rythme des bus qui emportent ou charrient leurs flots de voyageurs.
Spectacle visuel, L’Arrêt de Bus s’inspire volontiers du jeu masqué de la Commedia dell Arte, du théâtre dit de l’absurde dans les années 1950 (Eugène IONESCO) et du théâtre expressionniste des années 1930 en Allemagne.
Il suggère également des clins d’œil au cinéma, celui de TATI, de KEATON, de CHAPLIN voire au western spaghetti…
Un volume en arc de cercle de 30 cm de haut pour 40 cm de profondeur et 1,5 m de long, peint en noir. Un fin poteau qui monte en zigzag vers le ciel et qui se termine par une pancarte en forme de flèche avec « ARRÊT » inscrit dessus. Disposé au centre du plateau à un tiers du rideau de fond de scène, voilà notre décor.
Un décor volontairement minimaliste. Le but étant de privilégier le travail corporel et la mise en situation des personnages.
Comme il est écrit plus haut, L’Arrêt de Bus fait référence au cinéma. C’est d’ailleurs le fil conducteur de ce spectacle.
En effet, il commence avec des personnages vêtus de noir et portant un masque blanc. Les masques « tombent » peu à peu pour laisser apparaître la couleur. Les costumes sont contemporains. La couleur a été choisie par les comédiens lors d’une séance orientée vers une double réflexion sur ce qui fait signe au théâtre et la perception du public. À un moment avancé de la recherche, chaque acteur a dû s’interroger sur la couleur du ou des personnages qu’il exprime.
À l’exception de la femme assise, Les comédiens jouent plusieurs personnages. Chaque acteur porte ou manipule un ou deux objets propres à ceux qu’il interprète comme, par exemple, une canne et un chapeau pour « Le petit vieux », un attaché-case et une montre pour « L’homme pressé », une fleur pour « Le promeneur », un sac remplit de billets pour « Le voleur »…
Les accessoires ont été réalisés dans le même esprit que le décor et les costumes. Là encore, ils renvoient à la question de ce qui fait signe au théâtre. Plus précisément, ils tentent de répondre à une question simple et complexe à la fois : comment, avec le corps, construire un bus sans bus ?
Le bus a ainsi été schématisé par un « volant ». Un cercle de bois noir avec des rebords bleus plus épais. Le mot « BUS » est écrit au centre. Une antenne radio s’élève, au bout de laquelle est inscrit en noir le numéro du bus (197) sur un petit drapeau orange. Les chauffeurs portent un masque blanc et le volant. Les autres personnages font le reste par leur façon de se déplacer.
Il en est de même pour le car de police. Un gyrophare orange a été rajouté sur le volant. En haut de l’antenne apparaît le mot « Police ». Les barreaux du véhicule étant tenus par les comédiens en jeu.
La priorité de ce travail de création à donc été donnée à la mise en situation des personnages, leurs évolutions dans l’espace et leurs rythmes propres. La musique n’a pas été notre point de départ.
Si L’Arrêt de Bus s’appuie sur une bande son, celle-ci n’est pas illustrative. Au contraire, elle participe à la construction dramaturgique du spectacle. Elle a été choisie pour souligner ses intensités et ses rythmes.
Une ambiance de rue introduit le spectacle. J’en ai marre, de Hugues LE BARS, fait ensuite parler Eugène IONESCO sur un rythme répétitif. Trio, d’Ennio MORRICONE, dans Le Bon, La Brute et le Truand, accentue l’intensité du duel qui oppose « Le petit vieux » et « La petite vieille ».
Chemisettes, de Jean YATOVE est la musique de Jour de Fête, de Jacques TATI.Elle nous invite à être les témoins d’une course-poursuite entre « Le gendarme » et « Le voleur » largement inspirée du cinéma muet.
Enfin, Très Vite, des Fils de Teupu, entraîne le bus dans une farandole débridée qui conclut le spectacle.
L’arrêt de Bus est un spectacle construit à partir de situations simples.
Il ne s’agit pas ici de raconter une histoire mais des histoires. Des fragments qui parlent à tout le monde, aux petits comme aux grands. Aucune réponse n’est donnée sur les raisons de la présence des personnages sur scène. Cela ne nous empêche pas, nous qui l’avons construit, d’avoir une petite idée sur la question…. Mais nous avons préféré laisser le spectateur libre de cette réflexion.
Choral et rythmé, L’Arrêt de Bus voit défiler une galerie de personnages aussi improbables les uns que les autres, tous inspirés des images de notre quotidien. Il propose un théâtre décalé, un théâtre d’où surgissent des situations cocasses et poétiques. Un théâtre flirtant volontiers avec le burlesque et l’absurde.
Ce spectacle, qui a foulé les scènes de quatre festivals, a été plébiscité par le public lors de son passage au Festival du P’tit Souffleur à Bain de Bretagne (35) en mai 2010.
Stéphane LOISEAU
Animateur des ateliers théâtre adulte de L’ARRACHE-RIRE
Metteur en scène de L’Arrêt de Bus